Accueil > Actus

Entretien avec Morgane GENET : étudiante et entrepreneure

Bonjour Morgane, pouvez-vous me résumer le concept de votre création d'entreprise libérale ?

J'ai créé une préparation en ligne pour les étudiants qui passent le concours vétérinaire par la voie de la licence. C'est une préparation qui demande beaucoup de travail en autonomie et il y a une part d'inégalité en France vis-à-vis de l'offre qui peut être mise à disposition au sein des facultés pour faciliter cette préparation. C'est ce qui fait que j'ai décidé de proposer une préparation en ligne spécifiquement pour le programme de chimie où, dans mon offre de services, on pouvait retrouver des cours, des exercices, des corrections, des concours blancs. J'ai essayé de proposer quelque chose de large.

Est-ce que vous avez proposé cette offre car vous aviez subi la même forme d'inégalité ?

En ce qui concerne la partie chimie, j'étais dans une faculté qui proposait un très bon accompagnement. En revanche, j'ai rencontré des difficultés pour la préparation qui concerne les oraux car elle n'était pas mise à disposition dans ma faculté. J'ai donc utilisé un accompagnement délivré par des étudiants pour ma préparation aux oraux. L'ironie de cela, c'est que ces étudiants n'avaient pas la partie chimie. Je me suis donc proposée de compléter leur offre de services par cette matière et c'est comme cela que tout a démarré.

Si je comprends bien, pour vous, répondre à cette inégalité était une opportunité, mais aviez-vous une motivation supplémentaire ?

Oui, j'avais une volonté d'autonomie. En effet, je suis plus âgée que la moyenne de ma promotion et j'ai fait une reconversion professionnelle, ce qui a provoqué dans mon entourage de vives réactions sur le fait que je souhaite prolonger mes études. Ne voulant plus entendre ces réflexions, j'ai décidé d'avoir « un vrai projet » professionnel.

Que vous a apporté cette aventure entrepreneuriale ?

Je dirais en premier lieu de la fierté : j'ai tout de même réussi à ce que des étudiants réussissent leurs préparations. J'ai aussi pris confiance, car je sais maintenant ce que c'est de créer son propre projet. Au départ, j'ai craint de ne pas être capable. J'ai le sentiment avec tout cela d'avoir un certain avantage par rapport à d'autres étudiants vétérinaires car j'ai connu l'entrepreneuriat et surtout la gestion des clients.

Ça n'a pas dû être simple de gérer non seulement vos études mais aussi votre entreprise ?

Non, c'était dur ! La principale difficulté, c'était que parfois je me retrouvais à faire beaucoup d'heures et ce n'était pas toujours au moment le plus propice, mais il fallait bien que je sois disponible pour que les étudiants que j'accompagnais réussissent. C'est ce qui m'a poussée à trouver une solution à l'issue de ma première année d'activité en m'imposant une planification.

Quelles seraient les autres difficultés que vous souligneriez dans cette expérience ?

J'ai développé une forme de « syndrome de l'imposteur ». On ne sait pas si ce que l'on propose va fonctionner, on se dit qu'on fait peut-être tout cela pour rien. Ce n'était pas évident cette double casquette, qui consiste à passer de « j'apprends mes cours » à « je prépare un enseignement que je dois dispenser ». Ce sont des pensées qui peuvent être contreproductives pour les personnes que l'on accompagne.

En conclusion, quel conseil donneriez-vous à un étudiant qui souhaiterait créer son entreprise ?

Ce que je donnerais comme conseil (et que je n'ai pas eu), c'est de finaliser son projet avant la rentrée scolaire pour avoir le temps de bien tout préparer afin de trouver rapidement le bon fonctionnement pour compartimenter sa journée, sinon on n'a jamais l'impression d'être à 100 % dans ses tâches. »

Morgane continue aujourd'hui son aventure « d'étudiante-entrepreneure ». Elle me confesse qu'à ce jour, elle s'imagine peut-être créer une entreprise comme praticienne vétérinaire et évoque tout de même que cela se fera « sur le long terme », car elle a tout à fait conscience de la préparation et des compétences que le métier de chef d'entreprise requiert.

Merci Morgane pour les éclairages quant au statut d'étudiant-entrepreneur, merci pour ces observations pertinentes et sans concession sur les réalités des créateurs d'entreprise et merci de nous avoir permis de recueillir vos propos.

À très bientôt pour une nouvelle entrevue sur un nouveau sujet lié aux professionnels libéraux.